Nous les faisons naître, nous les soignons, nous les nourrissons, et nous les éduquons.
Arrivé au jour des premiers départs, grande est la joie des maîtres qui attendaient ce jour avec impatience.
Pour nous, c’est aussi le moment de vérité ; celui où on se pose la question de savoir si nous avons fait tout ce qu’il fallait comme il le fallait.
Certains vont partir loin, d’autres resteront plus près de chez nous ; mais peu importe la distance qui nous séparera désormais, car chaque chiot qui s’en va, emporte avec lui une partie de nous même.
C’est ainsi que nous pensons que cela doit être ; pas seulement des paroles, mais un don de soi permanent à de petits êtres que l’on a fait naître et qui ne demandent qu’à être aimés afin qu’à leur tour, ils puissent partager avec leur nouveau maître, l’amour que nous leur offrons quand ils sont à la maison.
Je sais ; d’aucun diront que le mot amour est peut-être un peu fort ; quel dommage pour eux ; ceux-là ne connaissent pas les chiens.
Ceux qui comme nous, connaissent bien les chiens, et les labradors en particulier, savent que l’amour dont nous parlons n’est pas uniquement humain ; celui dont nous parlons est un « presque trop plein d’amour » que nous avons reçu en héritage de nos précédents compagnons et que nous nous devons de partager tant avec les humains qu’avec les animaux. C‘est celui qui nous étrangle, celui qui nous enserre la gorge, celui qui nous déchire le cœur, celui qui nous fait verser des larmes aussi grosses que des pendeloques de lustre lorsque un de nos merveilleux compagnons s’en retourne vers ses ancêtres au pays des chasses éternelles.
Oui, c’est de cet amour là que je parle ; il est très contagieux, mais quelle douce et belle contagion ; même si le moment venu, hélas, cela fini toujours par faire très mal.